vendredi 19 novembre 2021

Essai de conception alternative d'une OLIGHT I5R

Essai de conception alternative d'une Olight I5R

1.But

Comme nous l'avons vu dans l'article sur l'observation d'une I5R, Olight a fait certains choix pour faire évoluer la I5T en I5R. Le but de cet article est de se prendre pour un Odesigner et de tenter de faire des choix différents.

2.Cahier des charges

Concernant la mécanique nous allons partir sur le même choix et garder exactement la même mécanique. Donc la seule partie que nous allons pouvoir modifier si c'est possible est l'intérieur de cette pièce:

Au sujet des batteries acceptées, nous allons partir sur:

AA standard alcalines et salines

AA NiMH 

AA Lithium 1,5V non rechargeable

14500 Li-ion 3.6V standard

Pour la puissance lumineuse nous allons essayer de la garder équivalente pour les AA et de passer à une puissance supérieure pour les 14500.

3. Analyse du cahier des charges

Comme nous l'avons vu dans l'observation de la I5R cela va nous contraindre à avoir une topologie de conversion de tension dite Buck-Boost, le gros du travail va être à ce niveau car la place disponible est faible.

Ensuite comme Olight livre toujours une source d'alimentation avec ces lampes, il va falloir trouver une 14500. Comme nous sommes ambitieux et que nous allons essayer de sortir beaucoup de puissance on va choisir un modèle avec une résistance interne très faible et une capacité relativement forte.

Comme nous voulons sortir une puissance forte, la température risque d'être notre principal problème, en effet l'utilisateur ne doit pas se brûler.


Nous allons commencer par la batterie, puis l'électronique et son intégration et la thermique sera plus mesurée ce qui permettra de corriger les choses si elle est trop élevée.

4.Batterie

Pour la batterie on va s'orienter vers une Vapcell INR14500 H10, elle me semble une très bonne candidate et en plus  je dispose de ce modèle.

 
La résistance interne est d'environ 0,07Ohm et la capacité est de 1000mAh, en comparaison avec la batterie 16340 de la S1R baton II, elle est plus performante. C'est plutôt de bonne augure car la S1R baton II à  une puissance max de 1000lm. Elle délivre 10A en continu sur un décharge complète et beaucoup plus sur des temps plus courts.

 Attention avec cette batterie complètement chargée dans une I5T normale, on détruit l'électronique de la lampe dès le premier appui sur l'interrupteur.

5. L'électronique

Si ce n'est pas déjà fait je vous invite à lire les 2 articles suivants pour bien comprendre la suite:

Observation I5R

Fonctionnement d'une lampe, cas de la Olight S1R baton II

Donc comme nous l'avons vu:

la place disponible dans une I5T est extrêmement faible.

le schéma d'un Buck-Boost demande plus de place qu'un Boost  (I5T) et je n'ai pas trouvé de circuit intégré qui remplisse cette fonction à  nos tensions d'utilisation (0,9V-4,2V)

Olight dans la S1R Baton II à utilisé une structure de Boost suivi d'un régulateur linéaire qui permet de prendre peu de place mais qui peu conduire à des pertes importantes.

5.1. Choix pour l'électronique

Comme je me vois mal partir de zéro pour une solution discrète (pas de circuit intégré contrôle + MOS de découpage) dans un si petit volume, nous allons partir pour un choix identique à  celui de la S1R Baton II, l'avantage est de n'avoir à  rajouter qu'un seul transistor cependant celui va avoir quelques contraintes.

Concernant la puissance lumineuse on va se baser aussi sur la S1R Baton II, dont le courant maximal est de 3A, et partir sur 2A au vu de la différence du volume de matière entre la I5T et la S1R pour arriver à  un échauffement équivalent.

5.2 Modifications par rapport à la I5T

Les modes de fonctionnement sont les suivants:

On va vite voir qu'il va falloir changer ça. En effet la puissance maximale de la I5T est la même quelque soit la tension de la batterie. Nous voulons essayer d'atteindre 2A ce qui correspond à une tension de LED de 3,2v ce qui donne 6,4W. Cependant à 0,9V un Boost à un rendement au maximum de 80% ce qui conduit à  un courant de 8,9A qui est totalement incompatible avec des AA standards et le circuit Boost intégré.

Il va donc falloir modifier le schéma actuel pour que le courant maximal dépende de la tension de la batterie. Et nous allons donc garder la décroissance avec le temps et les changements progressifs, c'est à  dire 100% pendant 3min puis 50% pendant 25min puis 10% avec chacune des 3 transitions progressive. Pour le mode LOW les 15 lumens correspondent à 4%.

5.2.1.Variation du courant dans la LED en fonction de sa tension

Dans le principe micro-contrôleur sort un signal PWM dont un filtre passe-bas fait la moyenne. Cette moyenne sert de référence à l'amplificateur d'erreur qui la compare à la tension aux bornes du shunt image du courant dans la LED. Et donc la sortie de l'amplificateur d'erreur attaque le pilotage du boost. Le schéma de la I5T est donc le suivant:

Le micro-contrôleur étant alimenté par la sortie du Boost via un LDO de 3V, sa tension à l'état haut varie légèrement entre 2.65V et 3V mais c'est loin d'être assez pour notre modification.

Voici donc le schéma sur lequel nous allons partir pour notre conception alternative de la I5R:


L'ajout de R4, R7, R11 et CR1 nous donne les courbes suivantes:

En abscisse nous avons la tension de la batterie. Il faut comparer la courbe jaune (I5T actuelle 100%) et la courbe bleu (I5R alternative 100%). On voit que les courbes se croisent vers 1.25V en effet j'ai choisi cette tension car je voulais un résultat équivalent avec les batteries NiMH, ce qui fait que nous obtiendront presque 800mA avec une pile de 1.5V ce qui équivaut à 350 lumens.

En ce qui concerne le temporel, nous devrions avoir la courbe bleue pendant 3 min, puis la courbe rouge pendant 25min, puis la courbe verte si la batterie le permet.

La courbe pour le mode "LOW" est la suivante:

5.2.2.Résistance de shunt

Comme le schéma nous le montre, nous allons rester sur la même valeur ce qui va permettre de répartir la chaleur et de moins faire chauffer le MOS Q1. Cependant 2A dans une résistance de 0.05R cela fait 0.2W, c'est un peu trop pour une 0805, nous allons passer sur une 1206.

5.2.3.Inductance

L'inductance L1 est déjà une très bonne inductance, j'ai mesuré sa résistance interne à 0.011Ohm, cependant la hauteur de ce composant est de 3.3mm et j'ai besoin d'une inductance de 2.3mm max pour gérer la thermique de Q1. On va donc partir sur un modèle du fabricant BOURNS une SRP4018FA-R68M qui a une hauteur de 1.8mm +/-0.2mm.

5.2.4.MOSFET Q1

Je ne vais pas rentrer trop dans les explications, mais il fallait un MOS avec un VGS threshold max de 1V, un RDSon le plus faible possible, un boîtier petit avec une bonne résistance thermique (voir ci-dessous). Mon choix s'est porté sur le SISS61DN de Vishay.

Ce composant est le plus critique, car c'est lui qui va encaisser la majeure partie de la tension entre la LED et la batterie avec une 14500 Li-ion. Une application numérique va être plus parlante, quand la batterie est chargée à fond sa tension est de 4.2V et la LED 3V pour 2A. L'électronique va donc s'arranger pour présenter une résistance de 1.2V/2A c'est à dire 0.6Ohm. Ces 0.6Ohm se répartissent entre la self(0.0082Ohm), IC1(0.058Ohm), Q1(le reste) et le shunt(0.05). Ça fait donc 0.4838Ohm pour le MOS donc presque 2W de pertes.

Dans une I5T classique la LED dans laquelle il y a environ 1.82W est montée sur SMI. Donc si on ne veut pas que ce MOS casse en température il va falloir le reporter thermiquement.

5.2.5.Résultat des modifications

Les composants modifiés sont indiqués en rouge

 

5.3.Mesure après modification

En jaune la tension de la batterie et en vert le courant dans la LED.

On aperçoit:

  • un plateau au niveau du courant vers le début, qui est du a une approximation dans mes calculs théoriques. Pour y remédier il faudrait diminuer la tension aux bornes de R4, cependant je pense que 1.85A suffit pour cet essai.
  • la ligne verte qui s'épaissit tout d'un coup vers 3V, c'est quand on passe du Buck au Boost.
  • que c'est plutôt conforme à la théorie
Sur la I5R OLIGHT annonce 350lumens avec un courant de 800mA.
Si on regarde la datasheet de la LED en passant de 800A à 1.85A on doit avoir un flux d'environ 700lumens à 1.85A.

6.Assemblage


Nous avons vu sur la I5R que pour gérer la thermique la LED était monté sur un SMI puis reportée à l'aide de graisse thermique sur une pièce en aluminium qui est insérée en force dans le corps de la I5R.

Le principe pour notre essai est de pouvoir mettre un SMI de chaque côté de la pièce en aluminium, un pour la LED et l'autre pour le transistor Q1. L'autre avantage de cette solution est d'augmenter de 30% l'épaisseur de la pièce en aluminium et donc cela va permettre de diminuer le gradient de température entre le corps de la I5T et les éléments qui chauffent. Le dessin ci-dessous nous montre ce montage.

Ça à l'air simple sur le papier mais vu la taille réelle, ça ressemble à une partie de TETRIS très serrée 😀.
 
Une photo du SMI avec le MOS Q1, quelques petits composants et les 3 connections vers le PCB modifié de la I5T(désolé pour la qualité).

Le changement de l'inductance va nous permettre disposer le PCB avec l'électronique à sa place initialement prévue. Pour éviter que le inductance, le circuit intégré du Boost et la résistance shunt ne chauffent trop en mode HIGH je rajoute un Gappad thermique à leur niveau. Sur la photo ci-dessous on ne voit pas la différence avec une I5T classique.

Il ne reste plus qu'à l'insérer en force dans le corps d'une I5T et en route pour les essais😎.

7.Thermique

Pour rappel:

C'est le point faible de cet essai, car je ne peux modifier les temps des modes de fonctionnement.

Les images ci-dessous sont prises à la caméra thermique et le moment auquel elles sont prise est indiqué en dessous.


Si on regarde les clichés 3min et 3min30 on voit l'impact du passage de 100% à 50%. En effet la température de la tête a diminué alors que la température du corps continué de monter.

C'est la même chose entre 20min et 25min avec le passage de 50% à 10%.

La température monte jusqu'à 55°C (sensation de brûlure) cependant cette température est maximisée car si la lampe avait été maintenue dans une main il y aurait eu un échange thermique et nous serions monté moins haut.

Après 45min de mode HIGH, la tension batterie est de 3.33V ce qui veut dire qu'il reste approximativement 19% de charge de batterie.

8.Rendu

Sur cette photo nous avons une I5R en mode HIGH et notre I5T modifiée en mode HIGH.

Les 2 lampes sont disposée à 40cm de l'écran.

8.Conclusion

L'essai est plutôt concluant, en modifiant le temps à 100% en mode HIGH se serait bien. Cependant comme prévu, l'intégration est compliquée avec un jeu min de 0.2mm. Ce n'est vraiment pas facile à industrialiser pour ma part j'en ai bavé pour réaliser ce prototype. Je comprends donc pourquoi Olight ne s'est pas dirigé vers ce choix.



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